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Page:Fujishima - Le Bouddhisme Japonais, doctrines et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon.djvu/33

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xxi
INTRODUCTION

par cette même chose. En d’autres termes, l’essence est la cause de la force et le phénomène est l’effet de la force. Si un effet se produit, il doit avoir sa cause ; si un phénomène se manifeste, il ne peut exister sans une force. La Bhûta-tathâtâ n’est pas inerte : elle agit naturellement par la force qu’elle possède en elle-même, et elle réalise le progrès sans fin. Açvaghosha dit dans le Mahâyâna-çraddhotpâda-câstra : « Le principe se dédouble ; on a alors l’absolu et le relatif qui sont au fond identiques. » Selon l’école Ten-daï, ces deux principes de l’absolu et du relatif ont la même essence inhérente : bien qu’ainsi définis, ces deux principes ne font pas une vraie unité, ils sont et ne sont pas à la fois unité et dualité.

Quels sont les rapports de la Bhûta-tathâtâ avec les deux éléments : matière et esprit ? En tant qu’elle ne dépend de rien, la Bhûta-tathâtâ est l’absolu ; mais ne devons-nous pas nous demander si l’absolu existe en dedans ou en dehors du relatif ? S’il est en dehors du relatif, nous ne pouvons savoir ce qu’il est, parce que nous sommes dans le relatif, et la Bhûta-tathâtâ est ainsi hors de notre connaissance, Pour que nous puissions déterminer si l’absolu existe ou non, il faut qu’il soit dans la sphère de notre connaissance, et par conséquent inhérent au relatif. Si on cherche la même solution de ce problème dans la philosophie moderne de l’Europe, on la retrouve dans la théorie de Hégel. Selon lui, l’absolu