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Page:Fujishima - Le Bouddhisme Japonais, doctrines et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon.djvu/35

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INTRODUCTION

séparable des modes relatifs, de même que les eaux sont inhérentes aux vagues. D’après cette conception, le soleil, la lune, la terre et toutes les étoiles contiennent en eux-mêmes la Bhûta-tathâtâ, aussi bien que les petites fleurs, les herbes, une goutte d’eau, une vapeur ; tout cela n’est que le produit de la Bhûta-tathâtâ et n’en est qu’une partie. Câkyamuni proclame dans le Nirvâṇa-sûtra que tous les êtres vivants possèdent la nature de Bouddha, c’est-à-dire en d’autres termes la Bhûta-tathâtâ ; de même l’École Tendaï enseigne que les plantes, les montagnes, les fleuves mêmes peuvent devenir Bouddhas. On peut dire que le système des Deux Véhicules est le panthéisme tel qu’on le retrouve dans certains systèmes de la philosophie moderne et contemporaine de l’Europe. La Bhûta-tathâtâ du Bouddhisme est au fond presque identique à la substance de Spinoza, au moi absolu de Fichte, à l’absolu sujet objet de Schelling, à l’idée absolue de Hégel, à la volonté de Schopenhauer et à l’inconscient de Hartmann.

« Toute vraie philosophie, dit Schopenhauer, est essentiellement athéo­logique. Elle ne sait rien d’un dieu personnel, situé hors du monde : elle est donc, en ce sens, athée. » La philosophie du Bouddhisme répond exactement à la proposition de Schopenhauer ; elle laisse de côté ce que tant d’autres systèmes inspirés surtout par l’esprit théologique se proposent comme leur objet