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Page:Fujishima - Le Bouddhisme Japonais, doctrines et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon.djvu/54

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INTRODUCTION

Si on compare la théorie de la pitié bouddhique à celle de certains philosophes européens, elle semble être un paradoxe ; car plus d’un, Spinosa (Éthique), Kant, (Critique de la Raison pratique), ont justement pris la pitié à partie et l’ont blâmée. Mais en revanche, cette théorie de la pitié a pour elle l’autorité des deux plus grands moralistes modernes : car tel est assurément le rang qui revient à J. J. Rousseau (Émile) et à Schopenhauer (Morale).

Quoique le Bouddhisme recommande si persévéramment la pitié, il ne défend pas, dans certaines circonstances, de sacrifier un être méchant pour sauver les autres ; seulement il interdit de tuer les êtres vivants quels qu’ils soient, sans justice ni nécessité. On peut donc résumer la morale du Bouddhisme, en ces mots qui sont exposés dans le Nirvâṇa-sûtra : « Abstenez-vous de tout ce qui fait le mal, accomplissez tout ce qui fait le bien. »

Nous croyons qu’il n’est pas besoin d’insister plus longtemps sur ces détails ; car tous les savants occidentaux qui ont étudié le Bouddhisme et qui l’ont approfondi sont sans doute déjà d’accord avec nous sur la haute valeur de cette morale.

Au moment de terminer ce travail, je crains de me heurter à l’indifférence ou à l’insuccès. On a dit : « Chaque homme est non-seulement le fils de son temps, mais encore celui de son pays. » Chaque science a aujourd’hui