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Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/87

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noblesse. Ils furent mesme si discrets qu’on ne s’avisa point qu’il y eust plus de privauté qu’auparavant, et cela n’empescha pas qu’il n’y eust plusieurs personnes du second ordre qui entretinssent Lucrece et qui en fissent les amoureux et les passionnez. Mais c’estoit toûjours avec quelque espece de respect pour le marquis, et sous son bon plaisir. Ils prenoient leur avantage quand il n’y estoit pas, et ils luy cedoient la place quand il arrivoit ; car chacun sait que ces nobles sont un peu redoutables aux bourgeois, et par conséquent nuisent beaucoup aux filles, à cause qu’ils écartent les bons partis.

Lucrece avoit accoustumé son amant à souffrir qu’elle entretinst, comme elle avoit toujours fait, tous ceux qui viendroient chez elle. Particulierement depuis sa faute, que le remords de sa conscience luy faisoit encore plus publique qu’elle n’estoit, elle les traita encore plus favorablement. Peut-estre aussi que par adresse elle en usoit de la sorte ; car, quoiqu’elle se flattast toujours de l’esperance d’estre Madame la marquise, neantmoins


qu’on fit dans l’enclos des Feuillans d’Amiens, on a eu la preuve des soins pieux que prit la Durier pour l’inhumation de Saint-Preuil ; on retrouva le corps et la tête embaumés. Le détail de cette découverte et du bruit qu’elle fit à Amiens se lit tout entier au t. 2, p. 198–199, des Essais historiques sur Paris, publiés en 1812, in-12, par le neveu de Saint-Foix, pour faire suite à ceux publiés par son oncle. — Quelques auteurs du temps ont aussi parlé de la Durier, entre autres Sarrazin, qui, dans la préface de son Ode à Calliope, se fait dire par sa muse : « Je quitteray pour vous la table des dieux si vous quittez pour moi celle de la Durier. » (Les Œuvres de M. Sarrazin, etc., Paris, 1696, in-8, p. 283.)