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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/192

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J’en étais à mon deuxième lion, et il me tardait de tuer le troisième avec cette arme, illustrée depuis par treize victoires, et qui m’est moins chère parce qu’elle a été ma compagne et ma sauvegarde pendant trois cents nuits que parce que je la tiens du prince.

La fièvre, que j’avais gagnée pendant mes premières excursions, m’avait empêché d’entrer en campagne.

Espérant que l’air de la mer me ferait quelque bien, j’allai à Bône vers la fin de février.

Sur des renseignements qui me furent donnés contre un grand vieux lion qui coûtait cher à ses voisins dans les environs du camp de Dréan, je fis venir mes armes de Ghelma et quittai Bône le 20 février.

Le 27, à cinq heures du soir, j’arrivai à un douar des Ouled-Bou-Azizi, situé à une demi-lieue du repaire de ma bête, qui, au dire des vieillards, avait élu domicile dans le Jebel-Krounega depuis plus de trente ans.

J’appris en arrivant que, tous les soirs, au coucher du soleil, le lion rugissait en quittant son repaire, et qu’à la nuit il descendait dans la plaine, toujours rugissant.

La rencontre me parut presque infaillible ; aussi m’empressai-je de charger les deux fusils que j’avais. À peine avais-je terminé cette