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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/194

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— Rentrons au douar, la nuit est trop noire, nous chercherons le lion demain pendant le jour.

N’osant se rendre au douar tout seul, il se blottit dans un massif de lentisques, à une cinquantaine de pas de moi.

Après lui avoir ordonné de ne pas bouger, quoi qu’il pût entendre, je pris position sur ma pierre.

Le lion rugissait toujours et se rapprochait doucement.

Ayant tenu mes yeux fermés pendant quelques minutes, je finis par voir, en les ouvrant, qu’à mes pieds était un talus vertical créé sans doute par un débordement du ruisseau qui coulait à plusieurs mètres plus bas ; à ma gauche et au bout du canon de mon fusil, se trouvait le gué ; mon plan fut aussitôt arrêté.

S’il m’était possible de voir le lion dans le lit du ruisseau, je devais le tirer là, le talus pouvant me sauver, si j’étais assez heureux pour le blesser grièvement.

Il pouvait être neuf heures, quand un rugissement se fit entendre à cent mètres au-delà du ruisseau.

J’armai mon fusil, et, le coude sur le genou, la crosse à l’épaule, les yeux fixés sur l’eau, que je distinguais par moments, j’attendis.