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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/242

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contracté, les yeux hagards, tremblant de tous ses membres, pouvait à peine me dire ce mot :

— Vide !

Mon second fusil était vide ! L’imprudent avait fait feu avec les autres et nous mettait à la merci du lion.

Heureusement pour nous tous qu’il tombait mort en ce moment entre Amar-ben-Sigha et M. de Rodenburg, qui arrivait par la cépée où l’homme et le lion étaient couchés côte à côte.

Le lion une fois mort, je m’occupai du blessé, qui, depuis quelques instants, ne donnait plus signe de vie.

Je trouvai les blessures de la tête un peu graves, le haut du corps labouré par quelques coups de griffes qui n’avaient porté que dans les chairs ; mais la jambe et la cuisse droites horriblement percées et déchirées depuis l’aine jusqu’au pied.

Le sang coulait en abondance, et nous étions là, en pleine forêt, la nuit, sans aucune espèce de secours.

Pendant que les Arabes préparaient un brancard avec des fusils et des burnous, j’essayai de trouver et d’arrêter l’hémorragie ; mais le blessé reprit ses sens en poussant des cris affreux, et ne permit pas de continuer les soins que je voulais lui donner.