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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/261

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À vingt et un ans, le jeune homme tira un bon numéro de l’urne de la conscription.

Nous devons dire qu’il en fut aussi désolé que sa mère s’en montrait heureuse.

L’excellente femme combattait de toutes ses forces et de toute sa tendresse le goût de son fils pour les armes. Jules ne se sentait pas le courage de résister à ses instances et à ses pleurs ; mais il s’obstinait à ne choisir aucune autre carrière.

L’ennui, fils du désœuvrement, ne tarda pas à le rendre malade. On lui ordonna de voyager en Italie pour rétablir sa santé gravement atteinte.

Après avoir parcouru toute la Péninsule, il s’embarqua pour l’île de Malte.

Se trouvant un soir dans un café de la Cité-Vallette, et lisant un journal de France, il jeta une exclamation mêlée d’enthousiasme et de chagrin.

Nos soldats allaient se battre en Afrique : Abd-el-Kader levait le drapeau de la guerre sainte !

Pour le coup Jules n’y tient plus. Il écrit à sa mère une lettre belliqueuse, assurant qu’il est né pour le métier des armes et que le régiment seul peut lui rendre la santé, la joie et le bonheur.

Comment résister à une vocation si tenace ?

Madame Gérard se résigne.

Elle impose silence à son doux égoïsme maternel, et, le cœur gros d’appréhensions, elle écrit à son fils de suivre sa destinée.