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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/266

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« Il eut peur, comme Napoléon, Bayard et Turenne, ont eu peur. Le corps seul paya le tribut à l’argile dont il est formé : l’âme resta pure, intacte et forte. »

Gérard traverse le bouquet de lentisques et de pistachiers qui le sépare de son effrayant ennemi.

— Ne me suivez pas ; abritez-vous, dit-il à ses compagnons, et surtout ne tirez que si je le manque.

À peine a-t-il prononcé ces mots qu’un vague bruissement se fait entendre dans les hautes herbes ; le fourré s’agite, et le griffon, muet de terreur, se rabat sur son maître.

— Halte ! dit Gérard.

Soudain le lion paraît.

Vingt pas tout au plus séparent du chasseur le terrible animal. Il relève son énorme tête ; sa fauve crinière se hérisse, il va bondir…

Mais l’héroïque brigadier le tient en joue.

Pendant cette éternité de quelques secondes, son œil s’habitue à mesurer et à soutenir l’œil chatoyant du monstre ; il presse la détente, le coup part, et le lion foudroyé laboure la terre de ses bonds convulsifs.

Une balle lui a pénétré dans le crâne, entre les deux yeux.

Gérard s’approche et regarde froidement la victime qui râle son dernier souffle.

On juge de l’enthousiasme des Arabes, lorsque l’intrépide Français reparut annonçant l’heureuse nouvelle.

De tous côtés retentissent des cris de triom-