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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/51

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assaut donné, ne serait-ce que pour éviter les railleries des femmes et sauver l’honneur de l’expédition en présentant soit un mort, soit un blessé, ce qui suffit toujours pour justifier la défaite.

Dans ces sortes de conseils, les hommes d’un âge mûr se montrent toujours prudents, et les jeunes gens plein d’ardeur et d’impatience.

Lorsque, au mois de février 1850, je fus appelé par les Ouled-Cessi pour chasser deux lions qui s’étaient établis chez eux, je recueillis un souvenir qui se rattache à ce qui précède, et que je suis heureux de consigner ici à la louange de ces braves gens.

Croyant chasser avec un Français qui tuait les lions tout seul, les hommes de cette fraction avaient convoqué le ban et l’arrière-ban, et personne ne manqua au rendez-vous.

Les lions étaient rembuchés dans un petit massif de lentisques dans lequel nous pouvions les entrevoir de temps en temps du lieu même de l’assemblée.

Quoique j’eusse résolu d’avance de ne pas accepter le concours des Ouled-Cessi dans l’attaque, j’étais bien aise que cette réunion eût lieu afin d’en tirer quelques connaissances, et surtout pour faire voir ce que peut la volonté d’un chien de chrétien.