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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/55

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donnerai la femme à laquelle tu prétends.

Cette promesse ébranla un instant la volonté du jeune homme ; mais son hésitation ne fut pas longue, et, se levant avec une gravité superbe :

— Mon père, dit-il, vous savez que, dans notre tribu, les femmes méprisent celui qui n’est homme que par l’habit et pour faire des enfants à sa ressemblance.

Si je suis de la tribu des Ouled-Cessi et votre fils, il faut que celle que j’aime et qui doit être ma femme estime celui qui sera tout pour elle, il faut qu’elle soit fière de lui !

Mon père, voici mon dernier mot : Si vous ne me permettez pas de suivre la chasse aujourd’hui, si vous m’obligez à passer pour un lâche aux yeux de tous, non-seulement je refuse la jument et la femme, mais encore je quitte votre tente, et je m’en vais bien loin pour cacher ma honte aux yeux des gens de ma tribu.

Que ce soit le fait de l’éducation de ces hommes à demi-sauvages ou celui du milieu dans lequel ils vivent, je pense que le lecteur trouvera, comme moi, qu’il est beau de rencontrer chez un jeune homme encore imberbe le courage dont je cite un exemple entre mille, et qu’à l’occasion, dans une chasse un peu sé-