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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/88

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Au lieu de cinq, je n’en comptai que trois, et, lorsqu’ils s’arrêtèrent à quinze pas sur la berge de la rivière, il me sembla que celui qui marchait le premier, quoique d’une taille et d’une physionomie des plus respectables, ne devait pas être le seigneur à la grosse tête dont j’avais le signalement et que le cheik m’avait si chaudement recommandé.

Ils étaient là, tous les trois arrêtés et me regardant d’un air étonné ; suivant mon plan d’attaque, j’ajustai le premier en pleine épaule et je fis feu.

Un rugissement douloureux et terrible répondit à mon coup de fusil, et, dès que la fumée me permit de voir, je distinguai deux lions rentrant sous bois à pas lents, et le troisième, qui, les deux épaules brisées, revenait sur moi en se traînant sur le ventre.

Je compris tout de suite que le père et la mère n’étaient point du parti, ce que je ne regrettai pas un seul instant.

Désormais rassuré sur les intentions de ceux que la chute de leur frère avait éloignés, je ne m’occupai plus que de lui.

Je venais de bourrer de la poudre lorsque, par un effort qui lui fit pousser un long rugissement de douleur, il arriva à trois pas de moi pour me montrer toutes ses dents ; une secon-