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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/192

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ÉCONOMISTE

comme de ne jamais faire faire par autrui ce que je puis faire moi-même, de ne remettre jamais au lendemain ce que je puis faire le jour même, etc.

« Cinquième secret : l’habitude que j’ai contractée de bonne heure de tenir un journal de mes opérations, et un registre de mes récoltes et de mes dépenses.

« Cette habitude de raisonner et de calculer soigneusement toutes mes affaires m’a été du plus grand secours. Je puis dire aujourd’hui, avec la plus parfaite exactitude, ce que me coûte chaque arpent de terre en culture, et ce qu’il me rapporte. Je puis dire quelles espèces de grains ou de légumes conviennent le mieux aux différentes parties de ma propriété et me rapportent le plus de profits : je sais quelle espèce d’animaux je dois élever de préférence ; je puis enfin me rendre compte des plus petits détails de mon exploitation. Je me suis créé ainsi pour mon propre usage, un système de comptabilité claire, sûre, méthodique, et qui m’offre d’un coup-d’œil le résultat de toutes mes opérations.

« Cette pratique, assez fastidieuse d’abord, est devenue pour moi une espèce de jouissance. J’éprouve le plus vif intérêt à comparer le résultat de l’année présente avec ceux des années précédentes. Je suis même parvenu, sans le vouloir, à faire partager cet intérêt à ma Louise qui, comme je vous l’ai dit, s’est mise, elle aussi, à tenir registre de ses dépenses de ménage. À l’heure qu’il est, je ne voudrais pas, pour tout au monde, renoncer à cette coutume ; je croirais marcher vers un précipice, comme l’aveugle qui n’a personne pour le guider. J’y attache tant d’importance que je voudrais la voir suivie par tout