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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/212

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ÉCONOMISTE

tout ce qu’il nous a fallu d’efforts pour opérer les progrès que vous avez remarqués. Mon ami le maire de Rivardville, dit-il en regardant Jean Rivard, peut vous en dire quelque chose. Il vous suffirait d’ailleurs de visiter les paroisses voisines pour vous convaincre que ce progrès est loin d’être le même partout.

— Mais quel serait donc, suivant vous, le meilleur moyen de perfectionner l’agriculture ?

— Je ne crois pas qu’on parvienne jamais à lui donner une impulsion puissante sans l’établissement de fermes-modèles. Toute localité importante devrait avoir sa ferme-modèle, placée dans le voisinage de l’église, accessible, en tout temps et à tout le monde, ayant à sa tête une personne en état de fournir tous les renseignements demandés.

— Mais l’établissement d’un si grand nombre de fermes-modèles serait une charge énorme sur le budget de la province.

— Oui, c’est là, je le sais, le grand obstacle, l’obstacle insurmontable. Il est vrai qu’on ne recule pas devant cette grave difficulté, lorsqu’il s’agit de chemins de fer, de vaisseaux transatlantiques, d’édifices gigantesques pour les bureaux du gouvernement, et de mille autres choses d’une importance secondaire — on approprie alors, sans y regarder de près, des centaines, des milliers, des millions de piastres sous prétexte d’utilité publique ; — on ne s’effraye ni du gaspillage, ni des spéculations individuelles qui pourront résulter de ces énormes dépenses ; mais lorsqu’il s’agit de l’agriculture, cette mamelle de l’État, comme l’appelait un grand ministre, cette première des industries, comme disait Napoléon, la