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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/23

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JEAN RIVARD

La même chose était arrivée les deux dimanches suivants : sujet de grand chagrin pour Louise qui n’avait pas encore manqué la messe du dimanche une seule fois depuis sa première communion.

Le manque d’églises est certainement l’une des principales causes du retard de la colonisation. Partout où se porte la famille canadienne, il lui faut un temple pour adorer et prier Dieu.

Jean Rivard avait eu beau lire à sa Louise les plus beaux chapitres de l’Imitation de Jésus-Christ, de ce précieux petit livre qu’elle-même lui avait donné autrefois comme souvenir et qu’il conservait avec un soin religieux, il avait vu dans ses beaux yeux qui semblaient se mouiller involontairement, qu’elle éprouvait une profonde tristesse, et il avait résolu de faire tout au monde pour y apporter remède.

En effet, il s’était rendu tout de suite à Lacasseville, accompagné du père Landry, et tous deux avaient fait tant d’instances auprès du prêtre desservant de l’endroit, que celui-ci s’était engagé à écrire sans délai à son supérieur ecclésiastique pour lui exposer les besoins spirituels du canton de Bristol ; et peu de temps après Jean Rivard avait été informé qu’un jeune missionnaire qui desservait depuis un an plusieurs des cantons environnants avait reçu l’ordre d’aller une fois par mois dans le nouveau canton, y dire la messe, confesser, faire des baptêmes, etc.

Or, ce jeune missionnaire n’était autre qu’Octave Doucet, l’un des plus intimes amis de collège de Jean Rivard.

Octave Doucet et Jean Rivard ne s’étaient connus qu’au collège ; mais en se voyant pour la première