Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/171

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fils tant aimé, convulsivement, comme si c’eût été pour la dernière fois…

— Adieu !… balbutia-t-il, adieu !…

Maurice avait déjà rejoint les autres, dont les acclamations allaient se perdant dans le lointain, que le baron d’Escorval était encore à la même place, écrasé sous l’excès de sa douleur…

Tout à coup il se redressa.

— Un espoir nous reste, l’abbé, s’écria-t-il.

— Hélas !… murmura le prêtre.

— Oh !… je ne m’abuse pas. Marie-Anne ne vient-elle pas de nous dire où est le rendez-vous ?… En courant à Escorval, en attelant en hâte un cabriolet, nous pouvons devancer les conjurés à la Croix-d’Arcy. Votre voix, qui avait ému Lacheneur, touchera ses complices. Nous déciderons ces pauvres égarés à rentrer chez eux… Venez, l’abbé, venez vite !…

Et ils partirent en courant…

XXII


Huit heures sonnaient au clocher de Sairmeuse quand M. Lacheneur et les siens quittèrent la lande de la Rèche.

Une heure plus tard, au château de Courtomieu, Mlle Blanche finissait de dîner et demandait sa voiture pour aller rejoindre son père à Montaignac.

L’étroitesse du logis mis à sa disposition avait forcé le marquis à le séparer de sa fille. Ils ne se voyaient que le dimanche, soit que Mlle Blanche se rendît à la ville, soit que le marquis vînt au château.

Ainsi, ce voyage qu’entreprenait la jeune fille sortait des habitudes établies ; des circonstances graves l’expliquaient.