Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 2.djvu/272

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— Il est sûr du succès, pensa Marie-Anne.

— Mon plan, disait Martial, est la simplicité même… Soixante et quarante font cent… Il s’agit de se procurer cent pieds de bonne corde… Cela fera un volume énorme, je le sais bien, mais peu importe !… Je roule tout ce chanvre autour de moi, je m’enveloppe d’un large manteau et je vous accompagne à la citadelle… Vous demandez le caporal Bavois, vous me laissez seul avec lui dans un endroit obscur, je lui expose nos intentions…

M. de Sairmeuse haussait les épaules.

— Et comment vous procurerez-vous cent pieds de corde, dit-il, à cette heure, à Montaignac ?… Allez-vous courir de boutique en boutique ? Autant publier votre projet à son de trompe.

— Ce que je ne puis faire, monsieur, les amis de la famille d’Escorval le feront…

Le duc allait élever de nouvelles objections, il l’interrompit.

— De grâce, monsieur, fit-il avec vivacité, n’oubliez pas quel danger nous menace et combien peu de temps nous avons… J’ai commis la faute, laissez-moi la réparer…

Et se retournant vers Marie-Anne :

— Vous pouvez considérer le baron comme sauvé, poursuivit-il, mais il faut que je m’entende avec un de vos amis… Retournez vite à l’hôtel de France et envoyez le curé de Sairmeuse me rejoindre sur la place d’Armes, où je vais l’attendre…