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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/144

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Cet homme portait un message sans doute, et, quel qu’il fût, il était de la dernière importance que l’officier en eût connaissance.

Un assez long espace de temps s’écoula sans que le malheureux rouvrît les yeux. Enfin, un des gens de l’hacienda, qui se trouva muni d’une gourde remplie d’eau-de-vie de canne, lui en frotta légèrement les tempes et lui en introduisit quelques gouttes dans la bouche. Le mourant reprit alors connaissance pour quelques instants.

Rodriguez ouvrit les yeux, qu’il referma tout aussitôt, les ouvrit de nouveau, et son premier regard tomba sur son jeune maître.

« Rodriguez, dit l’officier à son oreille, parlez, si vous en avez la force. Qu’y a-t-il ?

— Béni soit Dieu qui vous envoie sur ma route ! répondit le blessé quand il fut bien sûr qu’il parlait au fils de don Luis Tres-Villas ; l’hacienda del Valle…

— Est-brûlée ? »

Le blessé fit un signe négatif.

« Elle est assiégée ?

— Oui, dit Rodriguez.

— Et mon père ? demanda l’officier avec un affreux serrement de cœur.

— Il vit. C’est lui… qui m’envoyait là… chez don Mariano… demander du secours… quand, poursuivi moi-même par les… insurgés… une balle… Courez… s’il arrive un malheur… c’est Antonio Valdès… Entendez-vous ? Antonio Valdès, qui se venge !… Adieu !… vous demanderez des prières pour le pauvre vieux Rodriguez, qui vous a vu… tout enfant… »

Le vieux messager se tut et retomba évanoui pour ne plus reprendre connaissance. On ne retira de la litière, en arrivant à l’hacienda, qu’un cadavre déjà presque froid.

« Ah ! si Costal était là ! s’écria don Mariano, quand