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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/174

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les armes des miliciens de Petatlan qu’avaient eu lieu les scènes dont venaient d’être témoin le pacifique Lantejas, transformé, par une suite de circonstances toutes bizarres, en l’alferez le plus contesté qu’il fût possible de trouver dans les deux camps des Espagnols et des insurgés.

Il passa une nuit fort agitée, comme on peut le penser. Il avait eu l’honneur de souper à la table du général, avec son état-major improvisé, et c’est peut-être à la quantité de nourriture qu’il avait prise avec toute la voracité d’un convalescent, qu’il faut attribuer les rêves affreux dont il fut tourmenté. Il faut aussi ajouter à ces causes son aversion pour les combats. Toujours est-il qu’il ne rêva que batailles, et qu’il se voyait, en qualité d’insurgé, transformé d’une manière étrange et enrôlé dans une légion de démons.

Quand les premiers rayons du jour pénétrèrent dans sa chambre, il ouvrit les yeux avec un transport de joie pour secouer l’influence du cauchemar qui l’obsédait ; mais il lui sembla continuer son rêve tout éveillé. Il entendit un grand tumulte dans la cour, dominé toutefois par les sons tantôt rauques, tantôt aigus et toujours si déchirants d’un instrument sans nom, qu’il crut pendant un moment entendre le boute-selle sonné par Satan lui-même à ses escadrons infernaux.

Baigné d’une sueur froide, l’alferez acheva de s’éveiller, sans toutefois échapper entièrement à la terreur que lui causait cette musique, qui était bien le boute-selle, mais qu’il se rappelait avoir entendue déjà dans une circonstance effrayante ; car celui qui faisait ce tapage infernal n’était autre que l’Indien Costal, que Lantejas retrouvait, à sa grande surprise, dans les rangs de l’insurrection. Costal avait été le premier trompette de Morelos avec sa conque marine, comme le nègre Clara en était le premier artilleur.

Cornelio néanmoins l’ignorait au moment où il enten-