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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/183

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munitions vont manquer au château, nous avons la douleur de voir s’approcher, protégé par le double feu de la Roqueta et du fort, quelque navire espagnol qui jette dans la citadelle de nouveaux éléments de résistance.

— Prenons toujours la ville, seigneur général, répéta Galeana ; la ville au moins nous offrira des ressources sanitaires qui nous sont refusées ici sur ces plages embrasées. Un soleil meurtrier, et la réverbération brûlante des sables au milieu desquels nous sommes forcés de camper, ont engendré des fièvres mortelles dans notre armée. Nos convois de vivres n’arrivent que péniblement, et les assiégeants, par une singulière anomalie, souffrent plus de la disette que les assiégés eux-mêmes ; la maladie, le manque de nourriture saine et le feu du fort, éclaircissent nos rangs d’une manière effrayante ; il faut donc songer à s’emparer d’abord de l’île de la Roqueta, pour affamer l’ennemi et le forcer à se rendre. L’entreprise est périlleuse, je le sais ; à peine avons-nous assez d’embarcations pour contenir une soixantaine d’hommes, et il faut traverser deux lieues de mer à une époque où les coups de vent commencent à devenir fréquents, puis aborder en très-petit nombre une île fortifiée, et défendue par une garnison pleine de vigueur. Cependant, quelque danger que présente cette expédition, moi je l’entreprendrai pour la gloire de votre nom, acheva l’intrépide mariscal.

— Bien que vous m’ayez appris à ne jamais douter du succès d’une entreprise qu’on vous confie, ami Galeana, répondit le général en souriant, il en est d’une nature telle, que la prudence doit en repousser la pensée.

— J’ose néanmoins compter sur votre agrément pour exécuter celle-là, seigneur général, à une condition toutefois…

— Laquelle ?

— Si mes signaux vous apprennent que l’île de la Ro-