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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/188

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avait laissé tomber sur l’Océan son manteau pailleté d’étoiles.

Au bout de quelques instants de navigation silencieuse, la coque de la goëlette se dessina sur la grève sablonneuse de la Roqueta, puis on distingua bientôt la clarté que laissaient échapper les vitres de ses sabords d’arrière. Le bâtiment apparaissait dans la nuit comme quelque gigantesque cétacé qui ouvrait ses larges yeux pour épier ce qui se passait au loin.

« Ce serait un beau coup à faire que de s’emparer de cette goëlette d’abord, dit le capitaine ; cela simplifierait beaucoup notre débarquement dans l’île.

— J’y pensais, reprit l’Indien ; le tout est que quelque matelot de quart ne nous aperçoive pas. Avançons encore en faisant un détour, car le temps presse ; il est bientôt minuit, et cette écume blanchâtre, qui s’agite sur l’eau, indique le retour du vent, et du vent d’orage. »

En disant ces mots, Costal porta de côté la barre du gouvernail, et le canot décrivit rapidement une courbe qui la mit bientôt hors des rayons de clarté que laissait échapper la goëlette.

Quelques légères risées commençaient à souffler par intervalles ; l’eau devenait plus lumineuse et annonçait la présence de l’électricité dans les nuages. L’embarcation ne tarda pas à approcher de la partie de l’île la plus éloignée du petit bâtiment à l’ancre, et, pendant ce temps, les trois baleinières, restées immobiles, avaient disparu derrière les ondulations grossissantes de la houle.

Quelques instants encore, et les dangers prochains de la terre allaient s’ajouter à ceux de la mer, dont trois des redoutables habitants continuaient à suivre obstinément le sillage du canot. Ils paraissaient, comme l’avait dit Costal, pressentir l’approche de la curée.

Bien que l’on entendît le ressac contre les brisants de