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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/225

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fort et craignant de tomber entre les mains des insurgés, la vue d’un canot les séduisait.

Les deux rameurs continuaient à dormir sur leur banc, l’un à bâbord, l’autre à tribord.

Les deux rôdeurs eurent une même idée : celle de s’emparer d’un canot si mal gardé, et de deux vivants de faire deux morts.

Leurs fusils se levèrent en même temps, et, après avoir pris leurs points de mire aussi à l’aise qu’ils purent le désirer, ils firent feu à la fois. La double détonation n’éveilla pas les dormeurs : leur sommeil devait être éternel. Les deux coups avaient porté la mort.

Le capitaine Lantejas entendit seul l’explosion. Depuis une heure environ, il marchait au hasard, sans connaître les lieux qu’il parcourait, se demandant de quelle utilité il pouvait être pour le nègre et l’Indien qu’il continuât plus longtemps une recherche si obstinée.

Évidemment, il ne pouvait rien pour eux, au milieu de ces solitudes inconnues, et il résolut en conséquence de retourner sur ses pas. Il reprit la route qu’il venait de parcourir ; mais à peine commençait-il à marcher vers la mer, à laquelle il avait jusqu’alors tourné le dos, qu’il entendit retentir les deux coups de feu dans cette direction.

Au premier moment, il ne put se défendre de l’appréhension fort vive de quelque malheur ; il pensa ensuite que Costal et Clara, de retour sur la grève, avaient tiré deux coups de pistolet pour avertir de leur présence et demander un canot afin de regagner l’île de la Roqueta.

Cependant, en réfléchissant, il se dit que, si sa conjecture était vraie, d’Indien et le nègre avaient dû trouver les deux hommes à qui il avait confié le soin de son embarcation. Cette idée le frappa comme un éclair ; l’appréhension reprit le dessus dans son esprit, et, au lieu de marcher, il courut. Il résulta de là qu’il fran-