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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/231

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taine en interrompant Costal, et c’est pourquoi, inquiet sur votre sort, je me suis engagé seul dans ces montagnes à votre recherche, après la mort de deux hommes que j’avais avec moi et qu’on a tués à coups de fusil dans le canot où ils m’attendaient.

— Et nous, reprit Costal, pendant que nous étions cachés à l’écart pour empêcher qu’on ne décrochât la victime de la justice indienne, nous vous avons vu et nous sommes accourus. J’avais bien dit à Clara que le vieux falot que j’enterrais avant-hier me servirait encore.

— Laissons là ce malheureux pour que ses compatriotes lui rendent à leur gré les derniers devoirs, dit le capitaine ; la vengeance ne doit pas survivre à la mort.

— Soit, si vous y tenez absolument ; d’ailleurs, ma besogne est faite et mon serment accompli. »

Peu de temps après, le capitaine Lantejas se reposait de ses fatigues sur son lit, où il dormit quatorze heures de suite.

Nous l’y laisserons goûter ce sommeil réparateur pendant que nous allons ouvrir le chapitre suivant, à une époque plus reculée de quelques mois.

Dans le récit qui précède nous avons présenté au lecteur, avec quelque complaisance, le curé de Caracuaro depuis son origine, humble comme celle d’un fleuve naissant, jusqu’au moment où il rend à Dieu des actions de grâces pour le succès de ses armes victorieuses.

N’y a-t-il pas quelque charme à suivre un fleuve dans son cours et à en contempler les progrès ? Un mince filet d’eau cherche d’abord à se frayer un passage à travers les glaïeuls et les touffes de roseaux qui bordent sa source. À peine échappé de son berceau, il serpente déjà dans la plaine et caresse mollement l’herbe sur laquelle il coule en murmurant. Plus tard, son lit se creuse et s’élargit, sa course devient plus rapide. Bientôt, grossi par vingt rivières qui viennent à l’envi verser