Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/252

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feraient pas de peine. Du reste, les nouvelles que j’apporte à Votre Seigneurie sont de nature à leur procurer cette satisfaction.

— C’est donc un message de guerre que vous m’apportez ? dit le colonel avec un air de désappointement triste qui frappa Julian.

— Un message de vengeance ; mais, pour commencer par le moins important, je crois être agréable à Votre Seigneurie en lui apprenant que je ramène avec moi son bon cheval el Roncador.

Roncador ?

— Oui, l’animal que vous aviez perdu à votre affaire de las Palmas. Il y a été recueilli, à ce qu’il paraît, et surtout soigné… oh ! soigné à merveille, et on nous l’a renvoyé à l’hacienda.

— Qui l’a renvoyé ? s’écria vivement don Rafael.

— Qui pourrait-ce être, sinon don Mariano Silva ? Un de ses gens l’a ramené, il y a trois jours, en disant que le maître auquel il avait appartenu reverrait peut-être ce cheval avec plaisir. Puis, comme vous l’aviez perdu selle et bride, on le renvoyait avec la bride et la selle, à telles enseignes que le Roncador portait à son frontail un fort joli nœud de rubans rouges, ma foi !

— Et où est ce nœud ? demanda don Rafael avec d’autant plus d’empressement qu’il croyait deviner quelle main l’y avait attaché.

— Un de nos hommes, Felipe el Galan, s’en est fait une cocarde.

— Felipe est un drôle que je châtierai de son indiscrétion ! s’écria don Rafael avec colère.

— Je l’en ai prévenu, c’est son affaire. Je dois vous dire encore que le messager de don Mariano apportait une lettre pour vous.

— Et vous ne commenciez pas par m’en avertir !

— Je commençais par le commencement, reprit le flegmatique Julian. Voici la lettre. »