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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/278

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se décider pour ou contre les Espagnols, lorsque Trujano, s’adressant à don Cornelio, tout en essuyant la sueur qui ruisselait de son front :

« Nous ne viendrons jamais à bout d’enfoncer cette ligne avec si peu de monde, dit-il ; mettez votre cheval au galop, capitaine, et allez dire au général que le succès de la journée ne dépend que de deux ou trois bataillons de renfort dont j’ai besoin. Courez vite, et je tâcherai, pendant ce temps de soutenir le courage et surtout la force de ma brave garnison. »

Don Cornelio n’avait qu’à faire un détour le long des terrains élevés qui protégeaient le camp pour arriver jusqu’au général en chef et remplir sa commission.

L’aide de camp partit au galop, sa lance à la main.

Au même instant, par un côté opposé, un officier, sur l’ordre de Regules, allait remplir une mission semblable auprès du général en chef espagnol. Seulement, il arriva plus promptement que don Cornelio.

Bonavia s’empressa, malgré les observations de Caldelas d’envoyer au commandant Regules le renfort qu’il demandait.

« Cet homme sera cause de notre perte, dit Caldelas à don Rafael, qui, monté sur son bon cheval el Rocandor, faisait de prodigieux efforts pour arriver jusqu’au mariscal, dont le cri de guerre, souvent jeté comme un défi, commençait à porter le trouble dans l’esprit des soldats espagnols ; mais, vive Dieu ! continua Caldelas, s’il arrive malheur par sa faute, je lui brûlerai la cervelle et je ferai sauter la mienne après. »

Comme le commandant achevait ces mots, un mouvement violent s’opérait devant lui, et les soldats commençaient à céder le terrain devant les attaques redoublées de Galeana.

Ce que Caldelas avait prévu était sur le point de se réaliser : pour secourir Regules, le général espagnol avait affaibli son front de bataille ; le désordre se mit aussitôt dans