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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/337

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Le principal était de se mettre en sûreté, sauf à se lamenter après d’une semblable déconvenue.

Quand ils se crurent à l’abri de toute poursuite dans la partie du bois située de l’autre côté de la route, le Zapote se jeta sur la mousse d’une clairière avec un air de désolation profonde.

« Qu’allons-nous faire maintenant ? » dit lugubrement Gaspar.

Le Zapote gardait le silence des grandes émotions ; puis, se levant au bout d’une minute :

« Un coup superbe ! s’écria-t-il ; un coup rare ! une bonne action !

— Tu en es capable ?

— Nous en sommes capables tous deux ! Écoute, compadrito ; je suis connu de ceux qui bloquent l’hacienda del Valle, tu es connu de ceux qui la défendent ; entrons-y. Une fois là, tu me fais passer pour un des serviteurs de ton maître don Mariano.

— Ce serait possible, mon cher Zapote, objecta naïvement Gaspar, si tu n’avais pas une diable de physionomie…

— Je la composerai ; cela me regarde, tu verras. Je demande une prime de mille piastres, si j’arrache le colonel, au risque de ma vie, au péril qui le menace ; nous prenons cinquante hommes avec nous, je délivre le colonel ; nous touchons la récompensé promise et le prix de ton message par-dessus le marché. Qu’en dis-tu ?

— Ce serait superbe, en effet.

— Ah ! la vertu, vois-tu ! il n’y a rien de plus lucratif.

— Mais d’ici là le colonel sera pris ou tué.

— Peut-être que non ; et puis, s’il est mort, nous tâcherons de prendre le capitaine. Coûte que coûte, il me faut une prime.

— Au fait, le colonel aura peut-être réussi à gagner le fourré de bambous sur les bords du fleuve, reprit Gaspar.