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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/350

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vons forcément passer en vue de l’hacienda del Valle. Soyons prudents, et attendons la nuit pour nous mettre en route.

— La prudence n’est jamais un mauvais guide pour le courage, répondit sentencieusement Costal ; nous ferons ce que vous désirez, et nous n’avancerons qu’avec précaution pour ne tomber ni entre les mains des Espagnols, ce qui me ferait perdre un jour unique dans toute ma vie, ni entre celles de ces maraudeurs d’Arroyo, sans pouvoir peut-être arriver jusqu’à lui. Fiez-vous-en à moi pour vous conduire ; vous savez que je ne vous laisse jamais longtemps dans les mauvais pas.

— Vous êtes ma providence ! s’écria le capitaine avec expansion ; je me plairai toujours à le reconnaître.

— C’est bien ! c’est bien ! Ce que j’ai fait pour vous ne vaut guère la peine d’en parler. En attendant, nous agirons sagement en faisant un somme jusqu’à la nuit, Clara et moi du moins ; car nous ne fermerons pas l’œil, lui et moi, une fois le soir venu.

— Je suis de votre avis, » ajouta Clara.

Comme le soleil était encore fort chaud, l’Indien et le nègre s’étendirent à quelques pas d’un ruisseau voisin, sous le maigre parasol d’un bouquet de palmiers, et, avec l’indifférence du danger que donne la vie d’aventures, tous deux ne tardèrent pas à s’endormir d’un profond sommeil, pendant lequel Clara réussit à prendre en songe la Sirène aux cheveux tordus, qui lui révélait l’emplacement d’inépuisables placers de perles.

Quant au capitaine don Cornelio Lantejas, l’inquiétude de l’avenir le tint longtemps éveillé ; cependant il réussit à imiter l’exemple de ses deux compagnons de route, quoique ce ne fût pas sans peine.

Comme nous n’avons que faire d’eux jusqu’au moment où ils se remettront en route, nous les laisserons se préparer par le sommeil aux terribles événements de la nuit prochaine, pour revenir à don Mariano et à sa fille.