Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On a deviné sans peine aux paroles d’Arroyo que victime de sa barbarie n’était autre que le gendre de don Mariano Silva, don Fernando Lacarra.

C’était le pauvre jeune homme, en effet, qui se laissait tuer sous le fouet plutôt que de faire connaître le lieu où il avait déposé sa femme et son trésor, non pas qu’il attachât à ce dernier autant de prix qu’à sa compagne, mais parce que le même endroit recelait l’un et l’autre.

Insensible à cet affreux spectacle, le Gaspacho, après avoir averti le capitaine de l’arrivée de don Cornelio, était sorti de la salle pour aller rejoindre ses compagnons qui bivouaquaient dans la cour.

Quant au capitaine, il était saisi d’horreur, et ses jambes tremblantes refusaient presque de le soutenir debout.

Indépendamment de la compassion profonde que lui inspirait le sort épouvantable de don Fernando, il pensa que Costal, son intrépide défenseur, était mort sans doute, ainsi que Clara, et que son tour n’allait pas tarder à venir aussi.

Tandis qu’il roulait dans son âme un flot de tristes pensées, un homme que les yeux troublés de don Cornelio n’avaient pas encore aperçu, un homme au regard oblique et cruel comme celui du chacal, s’avança vers lui avec les allures tortueuses de cet animal farouche.

Quoique son aspect ne fût pas rassurant, il paraissait cependant moins féroce que ses féroces compagnons et don Cornelio le vit venir presque avec joie.

Cette joie n’allait être que de courte durée, cependant.

Quand le personnage à l’œil louche fut près du capitaine :

« Mon bon ami, lui dit-il d’un ton patelin, votre costume est bien léger, ce me semble, pour vous présenter devant des gens de distinction. »

Lantejas en effet, grâce aux bons soins des bandits