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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/371

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sphère chauffée par l’alcool, et parmi ces ombres, il entrevit celle du féroce capitaine qui s’avançait de son côté, comme un jaguar qui lèche ses lèvres sanglantes, et une voix rauque se fit entendre.

« Qu’on amène l’espion, dit-elle, en attendant que l’autre se ranime.

— Le voici, companero, répondit Bocardo ; et ils s’avancèrent l’un vers l’autre en s’appelant par leur nom.

— Allons, mon bon ami, c’est à votre tour. Tout naturellement le fouet vous fera confesser que vous êtes un espion du vice-roi ; ensuite de quoi, tout naturellement encore, on vous débarrassera de votre tête. Je vous conseille, donc d’avouer tout d’abord. »

Pendant que Bocardo tenait cet effrayant langage, Arroyo, la figure enflammée par l’horrible plaisir qu’il venait de se donner, considérait Lantejas avec des yeux étincelants.

« Avouez tout de suite, lui dit-il, et que cela finisse ; je suis fatigué.

— Seigneur Arroyo, s’écria don Cornelio, je suis capitaine et envoyé par Morelos pour vous transmettre… »

Le capitaine n’osait exécuter la partie de sa mission relative aux avertissements sévères qu’il était chargé de porter à ces deux chefs sanguinaires.

« Les preuves ? dit Arroyo.

— On m’a volé mes papiers.

— Tant pis pour vous. Holà ! femme, continua la chef, viens ici ; ce sera toi qui seras chargée de faire avouer par le fouet à cet espion les coupables desseins qui l’amènent parmi nous.

— Tout à l’heure, répondit la virago que don Cornelio avait aperçue en entrant, et qui était la femme d’Arroyo ; le coyote se ranime et confesse.

— Qu’on l’amène ici, » reprit le guerillero.

On s’empressa d’exécuter cet ordre, et l’on détacha le patient, qu’on fut obligé d’apporter ; car il ne pouvait