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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/377

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lonel, s’était contenté depuis longtemps de se tenir sur la défensive jusqu’au moment où il avait appris et fait savoir à don Rafael que la guerilla d’Arroyo était de retour dans la province. Il avait résolu alors d’en finir avec elle, s’il était possible.

Cependant, comme il était assez intéressé et fort peu scrupuleux, tout brave qu’il était, il ne s’était pas pressé de mettre ses projets à exécution. Il était bien aise de laisser Arroyo s’enrichir et s’engraisser de pillage, pour tirer à la fois honneur et profit de la déroute du guerillero. En sa qualité d’Espagnol, peu lui importait que les créoles fussent rançonnés, si le fruit des rapines d’Arroyo devait grossir ses prises. Ses soldats partageaient complétement sa manière de voir, et ceci servira à expliquer comment il s’était borné jusqu’alors à la sortie dans laquelle il avait tué ou pris et fait pendre une dizaine de bandits.

Le lieutenant Veraegui se trouvait dans ces dispositions de neutralité philosophique, lorsque, le matin de ce même jour où don Raphael tâchait de se dérober à la poursuite des hommes d’Arroyo, un message du gouverneur d’Oajaca lui était parvenu.

Ce message lui intimait l’ordre d’avoir à en finir le plus tôt possible avec les brigands qui infestaient la province, et lui annonçait l’arrivée d’un renfort d’une soixantaine d’hommes de milices provinciales pour le soir même.

Le Catalan maugréa quelque peu à la réception de cet ordre, qui le forçait à diminuer ses bénéfices en hâtant l’exécution de ses projets ; mais il ne songea pas un instant à lui désobéir. Seulement son humeur, naturellement peu endurante à l’égard des insurgés, ne s’adoucit pas de ce contre-temps, et ne présageait rien de bon pour ceux qui auraient le malheur de tomber entre ses mains.

Si l’on ajoute à cela que le message basait cette injonc-