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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/381

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Est-il, grâce à Dieu, de ceux qui ont échappé au désastre de Huajapam ?

— Je ne sais de quelle affaire vous voulez me parler. Tout ce que je puis dire, c’est qu’il y a quelques heures il était traqué dans le bois, entre la route de Huajapam et l’Ostuta, par les bandits d’Arroyo.

— Et ce n’est qu’à présent, au bout de plusieurs heures, quand il n’en faut pas plus d’une pour venir de là-bas ici, que vous venez m’avertir des dangers que court mon colonel ! s’écria le vieux lieutenant avec défiance et colère.

— Moi-même j’étais poursuivi comme lui par les bandits avec mon compère que voici, et nous n’avons pu nous échapper plus tôt.

— Ah ! je vous demande pardon, ainsi qu’à votre compère, que j’aurais plutôt pris pour un ami d’Arroyo que pour son ennemi. Où diable ai-je vu votre figure, mon brave ?

— J’ai beaucoup voyagé, répondit le Zapote, et il n’est pas étonnant…

— Et le colonel vous a prié de venir vers moi ? interrompit Veraegui.

— Je l’ai rencontré sans le connaître ; je n’ai su que plus tard que c’était lui.

— Voici ce qui devient incompréhensible, » reprit le Catalan, dont l’œil s’arma encore de plus de défiance.

Gaspar raconta au lieutenant comment, au moment où il fuyait lui-même avec son compère, le colonel avait sauté d’un arbre devant eux, et comment ils s’étaient séparés sans le connaître. Jusque-là tout allait bien, mais le narrateur s’était fourvoyé dans une route dangereuse pour le Zapote ; il lui restait à expliquer comment celui-ci avait appris par ses anciens camarades que le fugitif qu’ils venaient de voir était don Rafael lui-même.

Gaspar hésitait, et les regards défiants du lieutenant allaient de l’un à l’autre des deux compagnons. Le