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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/386

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traire à sa brutalité en l’aidant à fuir par la fenêtre de la chambre où elle était cachée ; puis j’ai fui après elle, et je vais demander secours à l’hacienda del Valle, dont les généreux défenseurs ne permettront pas qu’on viole impunément les lois de la guerre.

— Les abords en sont donc libres ? demanda le colonel.

— Sans doute ; toute la troupe des bandits est concentrée dans San Carlos.

— Eh bien, venez avec moi ! s’écria don Rafael, et je vous promets une vengeance aussi prompte que sanglante ! »

Sans s’expliquer davantage, le colonel brida son cheval, le monta sans selle (on se souviendra qu’il l’avait abandonnée dans le bois), et aida le domestique à se mettre en croupe derrière lui ; puis tous deux s’éloignèrent au grand trot.

« Et dans quel endroit se sera réfugiée votre maîtresse ? demanda don Rafael au bout de quelques instants de silence.

— Dans le trouble où j’étais, je n’ai pas pensé à lui indiquer l’hacienda où nous allons ; je l’ai engagée à chercher un refuge dans les bois voisins de San Carlos ; mais l’important est qu’elle ait pu échapper aux griffes d’Arroyo. Pauvre jeune femme ! elle était si heureuse ce matin ! reprit le domestique avec un soupir ; elle attendait, dans le courant de cette journée fatale, son père et sa sœur, qu’elle n’avait pas vus depuis près d’un an. »

Le colonel ne put s’empêcher de frémir des pieds à la tête.

« Êtes-vous sûr que don Mariano et doña Gertrudis dussent venir ? s’écria-t-il avec angoisse.

— Une lettre annonçait leur arrivée pour aujourd’hui du moins. Pourvu qu’ils ne tombent pas au milieu de ces hommes de sang ! Et dire que cet Arroyo est un ancien serviteur du père de ma pauvre maîtresse.