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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/388

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donc dit à… doña Gertrudis qu’il ne l’aimait plus ? En aimait-il une autre ?

— Je ne sais.

— Ne pouvait-elle lui faire savoir… par un message convenu… qu’il devait revenir vers elle, fût-il au bout du monde ? Peut-être alors… »

Don Rafael n’osait achever, car un espoir longtemps comprimé commençait à envahir son cœur avec trop de force pour qu’il ne craignît pas de le voir détruire tout à coup.

« Vous m’en demandez plus que je n’en sais, en vérité, répondit le domestique ; je vous ai dit tout ce que j’ai appris à ce sujet. »

Le colonel étouffa un soupir et n’insista plus ; seulement, sous la pression nerveuse de ses jambes, le Roncador, malgré le double poids qu’il portait, s’élançait au galop vers l’hacienda del Valle.

« Connaissez-vous le nom de cet officier qu’aimait doña Gertrudis ? reprit-il après quelques minutes de cette course rapide.

— Je l’ignore aussi, répondit le domestique ; mais, à sa place, je ne laisserais pas ainsi mourir d’amour une jeune fille aussi belle qu’on le prétend, car je ne l’ai jamais vue. »

Ce furent les derniers propos qu’échangèrent les deux cavaliers à ce sujet ; peu d’instants après, ils arrivaient à l’entrée de l’allée de frênes, où la voix des sentinelles les arrêta.

« Dites au lieutenant Veraegui, s’il vit encore, que c’est le colonel Tres-Villas ! » s’écria don Rafael.

Le son des clairons ne tarda pas à retentir dans l’intérieur de l’hacienda en signe d’allégresse du retour du commandant en chef, tandis que le domestique de don Fernando se laissait glisser à terre avec force excuses d’avoir méconnu le grade de son compagnon de cheval.

« C’est peut-être moi qui serai votre obligé, répon-