Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/422

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tacle commencé ; comme la vue de ces deux hommes, qu’il savait lui être dévoués, avait suffi pour dissiper sa frayeur passagère, le capitaine réfléchit qu’il était plus en sûreté pendant leur absence au sommet de son arbre que dans un lieu découvert, et il resta blotti dans son observatoire.

L’intention de don Cornelio était d’y demeurer jusqu’au moment où il apercevrait de nouveau ses deux compagnons d’aventure. Il comptait leur laisser le temps de s’habiller et de remonter sur leurs chevaux ; descendant alors de son arbre et galopant après eux, il se proposait, en les rejoignant, de leur débiter quelque fable, qu’il se réservait d’inventer au moment même.

Mais le temps s’écoulait, la lune continuait à monter dans le ciel, et Costal, pas plus que le nègre, n’apparaissait à la surface du lac.

Pendant, que les gens de don Mariano juraient que l’Indien qui cherchait son cœur depuis cinq cents ans leur était apparu et qu’ils ne devaient plus le revoir, le capitaine, avec plus de raison, s’imaginait que les deux aventuriers avaient pris pied sur la colline jadis consacrée à Tlaloc, le dieu des montagnes.

Bientôt, quelques détonations sourdes et lointaines, que le silence de la nuit permettait d’entendre, vinrent donner un autre cours aux pensées de don Cornelio, quoiqu’il fît de vains efforts pour en deviner la cause ; car il était loin de soupçonner la chaude attaque dirigée par don Rafael, et surtout que la porte de l’hacienda venait de tomber sous le canon dont il entendait au loin le grondement.

Le capitaine ne se tourmenta pas longtemps l’esprit à ce sujet, et, une fois sa première frayeur passée, rassuré par l’idée qu’il était à proximité de ses deux fidèles serviteurs, il ne tarda pas à éprouver, comme cela était arrivé au colonel la nuit précédente, une forte envie de se laisser aller au sommeil ; ses paupières s’a-