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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/436

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rauque, auquel répondit un faible cri parti de dessous les rideaux de la litière.

Ce cri passa inaperçu pour le cavalier, qui ne tourna pas la tête.

Gertrudis ne fut pas la seule qui tressaillit en entendant ce souffle si reconnaissable ; don Cornelio se rappela aussi qu’il l’avait ouï résonner d’une manière terrible à ses oreilles, sur le champ de bataille de Huajapam, quelques instants avant qu’il se sentît enlever de sa selle par le bras vigoureux du colonel Tres-Villas.

Don Mariano n’avait pu méconnaître non plus cette particularité d’un cheval si longtemps nourri dans ses écuries. Le cavalier avait bien la haute taille de don Rafael ; était-ce toutefois lui qu’on supposait au siége de Huajapam ? Il était permis d’en douter.

Remettant à une heure plus favorable, car la nuit était encore loin de toucher à sa fin, à continuer leurs invocations aux divinités zapotèques, Costal et Clara, pour être prêts à tout événement, s’étaient hâtés d’aller reprendre leurs armes à feu avec leurs vêtements, et don Cornelio resta seul avec l’hacendero et Gertrudis.

Incertains les uns et les autres de ce qu’ils devaient faire, tous attendaient avec une vive anxiété la fin de l’action qui se passait presque sous leurs yeux, mais dont les détails devaient leur échapper dans l’éloignement, malgré les clartés que la lune jetait sur le lac, dont les bords étaient le théâtre où le dénoûment allait avoir lieu.

Don Rafael qui, de proche en proche, depuis le moment où nous l’avons vu quitter l’hacienda de San Carlos, était arrivé près du lac d’Ostuta, continuait toujours sa poursuite acharnée.

De moment en moment, l’espace qui le séparait d’Arroyo se rapetissait, et le bandit, qui, malgré sa bravoure habituelle, semblait frappé d’une folle terreur devant l’ennemi implacable et redouté qu’il fuyait, ne