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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/455

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Puruaran devenait le tombeau de la gloire militaire de Morelos, et, quelques mois plus tard[1], j’assistais au dernier combat que livra l’intrépide Galeana.

« Ah ! ce fut un moment sublime que celui où, accablé déjà par la supériorité du nombre, mais brandissant fièrement sa lance et jetant à l’ennemi son terrible cri de guerre : Aqui esta Galeana, le mariscal s’élança au galop, et vit deux compagnies s’ouvrir devant le poitrail de son cheval et lui livrer passage. Un instant nous espérâmes la victoire ; mais, emporté par son ardeur, don Hermenegildo, en revenant à la charge, se frappa violemment au front contre une mère-branche d’arbre, et, des deux chênes qui se heurtaient, le chêne humain succomba. Je vis le mariscal chanceler sur sa selle et vider les arçons : quatorze dragons l’entourèrent, et l’un d’eux déchargea, à bout portant, son mousqueton dans sa robuste poitrine. Tandis que, de ses mains défaillantes, le général cherchait à tirer son épée du fourreau, le dragon mit pied à terre et lui trancha la tête. La bouche du héros ne devait plus proférer son cri de guerre toujours victorieux, et je vis bientôt cette noble tête, pâle et sanglante, élevée au bout d’une lance, comme le plus glorieux trophée que l’ennemi eût à envoyer au vice-roi.

« Il y a quelquefois de singulières coïncidences dans la vie de l’homme, continua don Lucas. Galeana était né à Teipam ; il avait passé une partie de sa vie sur son hacienda del Zanjon ; c’est de cette propriété qu’il avait tiré le canon el niño ; c’est de là qu’il était sorti inconnu, et c’est à la bataille de Teipam, près de cette même hacienda del Zanjon, qu’il revenait mourir aussi renommé qu’il était obscur quatre ans auparavant.

« Dieu devait une récompense à celui qui, toujours miséricordieux, n’avait jamais fait couler une goutte de

  1. 27 juin 1814.