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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/62

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tait plus temps : quelques autres bonds avaient jeté le tigre près de sa compagne, hors de portée de sa carabine.

Le couple féroce sembla hésiter un instant, et poussant un double rugissement de menace, auquel se joignirent ceux des deux cachorros, tous les quatre s’élancèrent en bondissant vers les limites de l’horizon.

« Allez ! allez, coquins ! je vous retrouverai, s’écria Costal, sans pouvoir s’empêcher, malgré son désappointement, de suivre des yeux ces habitants du désert, qui, dans leur course rapide, semblaient à peine effleurer l’herbe de la savane.

— C’est égal ! reprit l’Indien en s’adressant à Clara, dont les yeux brillaient de plaisir, vous pouvez vous flatter de m’avoir fait manquer un beau couple de jaguars. »

Et Costal fit force de rames pour regagner l’endroit de la rive où il s’était embarqué.

La rivière charriait encore le cadavre du buffle dans ses eaux plus assombries, et déjà depuis longtemps les deux jaguars avaient disparu au milieu de la brume rouge.



CHAPITRE III

LE GÉNIE DE LA CASCADE.


La petite pirogue qui portait le nègre et l’Indien continuait à descendre silencieusement le cours de la rivière, le premier se félicitant d’avoir échappé à la griffe des tigres, le second absorbé dans les pensées auxquelles sa chasse infructueuse, avait apporté une trêve momentanée.