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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/91

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sinistre de la masse d’eau se rapprochait de minute en minute.



CHAPITRE V

L’HACIENDA DE LAS PALMAS.


Quelques grands fleuves, tels que le rio Blanco, le Playa Vicente, le Goazacoalcos et le Papaboapan, pour ne citer que les principaux d’un immense réseau fluvial, sillonnent l’État de Vera-Cruz à peu de distance les uns des autres. En outre, les versants de la Sierra-Madre donnent naissance à une foule de cours d’eau qui rejoignent ou longent ces fleuves.

Libres comme les chevaux sauvages dans leurs savanes, ces fleuves et ces cours d’eau, qu’aucune digue ne contient sur le sol plat qu’ils arrosent, roulent sans obstacle leurs flots pressés et rapides ; on sait avec quelle violence les eaux du ciel tombent entre les tropiques, dans la saison qu’on appelle la saison des pluies. C’est l’hiver des pays d’Amérique situés sous ces latitudes ; il commence en juin et finit d’ordinaire en octobre. À cette époque de l’année, les eaux, grossies par les pluies torrentielles de chaque jour ou plutôt de chaque nuit, trop abondantes désormais pour être contenues dans leurs lits, s’en échappent bientôt avec fureur et débordent de toutes parts. Franchissant l’espace avec la rapidité d’un cheval de course, comme si elles étaient poussées par le souffle d’un démon, elles engloutissent tout ce qui s’oppose à leur passage et portent partout l’épouvante et la désolation. Malheur aux êtres vivants qui n’ont pu fuir devant elles ! Bientôt cependant, étendues dans un vaste terrain, leur fureur s’apaise, et coulant paisiblement en tous sens, elles finissent par se réunir en une seule nappe d’eau. La portion inon-