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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/93

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serviteurs spécialement attachés au service des maîtres. Une haute et forte muraille, appuyée de solides contreforts de pierres de taille, joignait l’hacienda aux communs et bordait l’amphithéâtre tout le long de la plaine. Une porte épaisse et massive, pratiquée au milieu de cette muraille d’enceinte, servait d’entrée, à laquelle on arrivait par un talus en pente douce garni de garde-fous de maçonnerie.

Dans cette position, l’hacienda de las Palmas, ainsi nommée à cause des massifs de palmiers dont la plaine à ses pieds était parsemée, se trouvait à l’abri des inondations et formait en outre une sorte de forteresse presque imprenable.

Nous avons besoin de retourner une fois de plus en arrière et de nous reporter encore, dans cette même journée, à l’heure qui précède le coucher du soleil, c’est-à-dire à celle où le dragon et l’étudiant se séparaient sur la route, et où le nègre Clara se trouvait si fatalement transformé en chasseur de tigres, en compagnie de Costal l’Indien.

La cloche de l’hacienda sonnait l’oracion du soir, et à ces, tintements de l’Angelus, qui donnaient le signal de la prière et marquaient la fin du travail de la journée, un mouvement inusité avait lieu dans la plaine et dans la cour du vaste bâtiment dont le seigneur don Mariano Silva était propriétaire.

Avec cette rigoureuse exactitude de gens qui ne veulent pas travailler une minute au delà du temps prescrit, les peones indiens, au premier coup de cloche, venaient de laisser retomber, comme si une paralysie subite avait frappé leurs bras, l’un sa pioche levée, l’autre l’aiguillon allongé : pour piquer ses bœufs, qui eux-mêmes, formés aux habitudes de leurs conducteurs, s’arrêtaient tout à coup laissant le soc frémissant dans le sillon inachevé.

Les vaqueros regagnaient au galop leurs écuries et