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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/166

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expérience qui me rendit bientôt redoutable aux misérables dont j’étais parvenu ainsi à connaître les sinistres antécédents. Souvent aussi mes jours furent en danger, et plus d’un malfaiteur tenta de punir en moi un surveillant incommode ; mais les services que ma connaissance des lois me permettait de leur rendre me firent d’autre part assez de clients dévoués pour empêcher le retour de ces tentatives qui eussent coûté cher à mes ennemis. Aujourd’hui je jouis à peu près impunément du prestige que j’exerce sur les plus redoutables bandits de Mexico, et, vous le voyez, j’ai là toute une armée à mes ordres pour prêter appui aux honnêtes gens qui peuvent avoir besoin de mon secours.

— C’est le cas où je me trouve, répondis-je, et je me félicite de m’être adressé à vous ; mais vous ne me dites pas si vos efforts pour retrouver l’assassin ont été enfin couronnés de succès.

— Complétement. Je fus assez heureux pour retrouver l’écrivain public dont la plume avait tracé, sous la dictée de ce vil scélérat, les lignes fatales qui avaient entraîné ma jeune fiancée au rendez-vous. Cet infâme, l’écrivain public le connaissait, et il me mit sur ses traces. Je le découvris ; j’aurais pu le dénoncer et le livrer à la justice. C’eût été atteindre enfin le but que j’avais assigné à toute ma vie. Que vous dirai-je ? je n’en fis rien. Bien des années