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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/201

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— Est-ce de moi, par hasard, que vous riez ainsi ? lui demandais-je assez brusquement, car, mal disposé comme je l’étais, j’avais trouvé cette démonstration de gaîté plus qu’inconvenante.

— De vous, non, seigneur cavalier, répondit le Jarocho ; mais vous m’excuserez si, à l’aspect de votre cheval, je fais trêve à mes habitudes ordinaires de courtoisie.

— Pourtant mon cheval n’est guère plus laid que celui que vous montez, ce me semble, repris-je fort choqué de cette réponse.

— C’est possible, mais enfin il est plus laid : c’est une satisfaction que je n’aurais espéré trouver, et dont je profite, ne vous déplaise.


Le cavalier, se remit à rire de plus belle, et avec tant d’abandon que, la contagion me gagnant, je mêlai mes éclats de rire aux siens. Effrayés sans doute de ce bruit insolite, les perroquets criards se turent un instant. Cependant, ce premier accès passé, nous continuâmes de front notre route, sans échanger d’autres paroles. Les perroquets avaient recommencé leur vacarme, et mes oreilles déchirées ainsi que mon amour-propre froissé me faisaient désirer la reprise de notre entretien, dût-il même dégénérer en querelle, comme une diversion nécessaire. Je pris le parti de me venger d’abord sur les