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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/205

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m’amène de ce côté, car je comptais, sans un contre-temps imprévu, coucher ce soir à Vera-Cruz.

— Vous ne vous repentirez pas, je l’espère, de ce contre-temps ; il y aura une foule pressée comme de la fumée, des alburs par morceaux. Mais où descendrez-vous à Manantial ? il n’y pas d’auberge.

— Chez vous, parbleu ! repris-je, puisque vous paraissez désirer que j’assiste à votre fandango.

Le Jarocho s’inclina en signe d’assentiment et se mit à me faire aussitôt une brillante énumération des plaisirs qui m’attendaient le lendemain. Mon hôte parlait encore quand déjà nous approchions de Manantial. La nuit était venue. Sous un ciel étincelant d’étoiles, au milieu d’épais massifs de verdure, quelques feux épars annonçaient de loin le village. Nous atteignîmes bientôt une petite clairière sur laquelle étaient disséminées quelques cabanes en bambous avec leur toit de feuilles de palmiers ; c’était Manantial. Au son monotone d’une mandoline, des femmes vêtues de robes blanches, des hommes au costume pittoresque préludaient par la danse aux divertissements du lendemain, et de jeunes mères endormaient au bruit des chansons leurs enfants suspendus dans des hamacs de fil d’aloès. Nous entrâmes dans le cercle formé autour des danseurs. Une acclamation générale m’apprit bientôt le nom de mon nouvel hôte.