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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/210

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expliqué en quelques mots les circonstances de notre rencontre, et j’étais à peine introduit auprès d’elle, que le souper se trouva servi ; il était frugalement composé de riz au lait, de bananes frites et de ces haricots rouges de Tierra-Caliente, qui jouissent dans tout le Mexique d’une réputation proverbiale. Le repas achevé, la bonne femme se retira en me souhaitant un paisible sommeil. Calros et moi, nous restâmes nonchalamment étendus sur nos couvertures près de la porte, restée ouverte, et nous laissâmes errer nos regards sur les savanes qui s’étendaient à perte de vue autour de l’habitation.

On veille tard dans les pays chauds : l’atmosphère embrasée que la brise de nuit ne tempère pas toujours, les piqûres des moustiques qui bourdonnent incessamment, écartent longtemps le sommeil. Près de nous, nul bruit ne se faisait entendre, si ce n’est le vent du soir qui agitait l’herbe, dont le frémissement se mêlait au murmure d’un ruisseau voisin ; mais plus loin les sons aigus des petites guitares mêlés à des éclats de rire féminins, annonçaient que la veillée se prolongeait aussi. Le Jarocho gardait le silence, et, de mon coté, je me laissais aller à cette indolente contemplation qui est la vie de la zone tropicale. La voix du Jarocho me fit enfin souvenir que le moment était venu de payer l’hospitalité dont j’étais l’objet.