Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particulières. Bien que portés par leur esprit querelleur vers les hasards de la mer et des combats, les Jarochos sont trop jaloux de leur indépendance pour se soumettre volontiers à la discipline d’un camp ou d’un vaisseau. C’est encore ce besoin effréné d’indépendance qui leur fait mépriser l’existence modeste et sédentaire du laboureur. La vie errante du pâtre ou du maquignon est celle qu’ils préfèrent, et le sabre joue un rôle essentiel dans leurs délassements. Le Jarocho se priverait du plus indispensable vêtement plutôt que du sabre droit, affilé, luisant, qu’il porte à sa ceinture, toujours sans fourreau, et dont il prend plus de soin que de sa propre personne. Ce sabre est plus souvent d’ailleurs dans la main du Jarocho que sur sa hanche. Un point d’honneur futile, le pari le plus insignifiant, tout sert de prétexte à ces gitanos du Mexique pour se livrer à des jeux sanglants qui entraînent parfois une longue suite de combats à outrance, quand, au lieu de se contenter du premier sang, un des deux antagonistes a donné à son adversaire un coup mortel. Quelques qualités rachètent pourtant les défauts de ces hommes indomptables. Le Jarocho est sobre, franc, loyal, hospitalier envers les blancs (il appelle ainsi les gens d’une classe plus élevée) ; il a le vol en horreur ; il aime le sol où il est né ; étranger à tout instinct cupide, il vit, con-