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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/274

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sait plus entendre que celui de l’eau fendue par les coups mesurés de la rame. Nos ennemis avaient-ils perdu notre trace, ou bien attendaient-ils près de l’étroit canal que nous venions de franchir et vers lequel nos efforts redoublés nous ramenaient ? Quel que fût le sort qui nous attendît à cette dernière issue, il était impossible de reculer. Bientôt nous nous engageâmes dans la passe dangereuse. Le tronc d’un gaïac ou d’un cèdre penché sur l’eau, le frémissement du vent dans les branches, un lézard qui fuyait de son lit de feuilles sèches, un écureuil effrayé par le bruit de rames, le moindre bruit ; la moindre forme suspecte entrevue, nous trouvaient attentifs et la main sur nos armes. Notre navigation était ainsi interrompue par des haltes fréquentes après lesquelles Calros ramait avec une nouvelle ardeur.

Nous atteignîmes enfin un endroit où la végétation moins abondante laissait une des rives à découvert : c’est là que nous abordâmes. Une exploration rapide nous prouva que cette clairière ne cachait aucune embûche. Une fois la reconnaissance des lieux faite, nous décidâmes que nous y prendrions une heure de repos et que nous aviserions ensuite aux moyens de continuer notre excursion soit par terre, soit par eau. En ce moment, les premières clartés du jour commençaient à paraître.