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Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/191

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dit : « Je vais laisser ici, dans ces notes, le souvenir d’une aventure touchante. »

Il faut savoir qu’au monastère d’Hautecombe vivait un nain. Les moines l’avaient pris je ne sais où ; toujours est-il qu’ils l’avaient fait élever avec beaucoup de soin, qu’ils l’avaient envoyé aux écoles, où il était bien vite devenu maître passé. Il y avait tant de savoir dans sa tête, tant de gentillesse dans son esprit, que princes et barons voulaient l’avoir. Ils lui faisaient tous les jours les offres les plus flatteuses ; mais lui aimait mieux rester avec ses moines, sans l’être pourtant. Il disait que sa solitude d’Hautecombe était le plus beau fief du monde, et qu’il n’en voulait pas d’autre. Les sept arts libéraux y formaient sa cour ; son cabinet d’alchimie était sa salle d’armes ; ses manuscrits, son blason et ses armoiries ; le lac et les monts, son délicieux raccourci de Naples et de Constantinople. Puis il ajoutait, car il avait le cœur excellent, qu’il se devait lui-même à qui il devait tout. À dire