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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/694

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, v.

grand. Or, il faut prêter attention surtout aux choses qui offrent quelque particularité singulière, inusitée, et qu’on ne retrouve pas dans les parties de même genre. En effet, ou bien la nature à leur égard a oublié l’analogie, ou bien, inventant quelque artifice ingénieux, elle a introduit une modification de la disposition commune.

J’ai déjà démontré, ce me semble, dans tout l’ouvrage, que nulle part la nature ne s’écarte en vain de l’analogie, que c’est au contraire en vue d’une utilité spéciale qu’elle crée une partie avec un cachet distinct des autres ; ou que, par une nécessité impérieuse, abandonnant la structure primitive et dominante, elle en adopte une autre, une seconde, comme elle l’a fait à l’égard de ces muscles[1]. Car le lieu propre de leur production n’était pas la partie postérieure d’où ils naissent maintenant, mais la partie antérieure du cou ; de cette façon, en effet, l’un et l’autre eussent tiré en bas la mâchoire dans la direction de son propre principe ; mais s’ils avaient été disposés en cet endroit, en naissant des vertèbres du cou, ils eussent été eux-mêmes les premiers fort à l’étroit, et ils auraient rétréci l’espace occupé par toutes les parties qui sont établies dans cette région. En effet, dans presque aucune autre partie du corps on ne saurait voir en un espace si borné un amas d’organes aussi considérables, et ce n’eût pas été en vue dû mieux qu’on en eût déplacé un seul, ni l’œsophage, ni la trachée-artère, ni le larynx, ni beaucoup moins encore les muscles qui les enveloppent, non plus que les artères, les veines, les glandes et les nerfs. En effet, de ces parties, les unes devaient d’en bas monter aux régions élevées, et les autres d’en haut descendre aux régions basses ; autrement la tête aurait été privée d’artères et de nerfs, et le tronc de nerfs et de muscles. Il est évident encore que les aliments, les boissons et l’air inspiré devaient prendre cette dernière route, tandis que l’air expiré et la voix devaient remonter, pour procurer aux animaux de nombreuses utilités. Il était néces-

  1. Voy. particulièrement III, vi ; VI, x, xv, xx et xxi ; VII, xiv ; VIII, i ; où ce principe se trouve appliqué à la structure comparative des pieds et des mains, à la substitution des vaisseaux dans le poumon, à la création des valvules auriculaires, et auriculo-ventriculaires, aux anastomoses des vaisseaux du fœtus, enfin à la longueur comparative du cou et des pieds chez certains animaux.