Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/54

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qui est d’autant plus faux que les rajas et autres chefs indiens ne tiennent aucun compte de ces journaux et ne les lisent même pas. Le fait est que les journaux indiens ressemblent tout à fait aux journaux anglais, et qu’ils sont aussi indépendants, mais moins énergiquement. On peut les comparer à une épée un peu émoussée, et les autres à une épée tranchante. Au reste, les pauvres rajas indiens ont une peur effroyable des journaux anglais ; ils les craignent plus que le vice-roi lui-même ; et s’ils veulent les réfuter au moyen des journaux indigènes, rien n’est plus juste. Le gouverneur général ne dit plus, comme autrefois, aux rajas : Nous vous ferons descendre de votre trône ; mais les journaux anglais, comprenant d’avance les mesures qu’on sera forcé de prendre, font entendre des menaces. La crainte qu’ont donc les natifs des journaux anglais n’est pas vaine. C’est ainsi qu’ils réfutent les articles hostiles et font parvenir leurs observations au gouvernement. Les journalistes anglais devraient considérer les journalistes indiens comme des confrères, et vivre en bonne harmonie avec eux, comme les deux yeux d’un même visage. Sans cela, les Indiens useront de représailles, et on ne pourra les en blâmer. »

Il y a en Hindoustan, dit l’Awadh Akhbâr[1], différents genres de journaux : 1° les journaux anglais, dont les éditeurs sont Anglais et considèrent comme un devoir de soutenir en tout les idées anglaises ; 2° les journaux rédigés par les écrivains indiens, où les nouvelles sont données en hindoustani, en persan, en bengali, en mahratti, en anglais, etc. Ces derniers journaux, bien qu’écrit en différentes langues, ne forment qu’une même catégorie parce que leur but est le même, c’est-à-dire qu’ils ont en vue l’amour de leur pays, la défense des pauvres indigènes, parmi lesquels ils veulent introduire des améliorations, et que, sans se départir de bon vouloir pour le gouvernement, ils prêchent

  1. N° du 10 mai 1876.