Aller au contenu

Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’était une ancienne boutique, avec quelque luxe, un air avenant de propreté laborieuse : croisées de fenêtres divisées par une armature de fer, carreaux de vitre — et non glaces, comme les devantures de la plupart des autres maisons commerçantes de cette vieille chaussée de faubourg, déjà aux trois quarts rebâtie et modernisée. La porte d’entrée, à deux vantaux, s’ouvrait entre les deux vitrines.

Charles poussa cette porte, ce qui fit tinter la petite sonnette d’avertissement, passa le seuil de pierre creusé par les pas des clients et pénétra dans la boutique.

L’odeur particulière aux magasins de tabacs le saisit : l’odeur âcre et sucrée provenant de la fermentation des cigares humides, trop vite séchés au feu dans leurs coffrets vernissés ; les étalages apparaissaient ici comme deux cabinets de musée, fermés vers l’intérieur par des panneaux de verre glissant dans des rainures.

La montre de droite était pour les marchandises ordinaires ; celle de gauche pour l’article « de luxe ».

Dans celle-ci, sur des tablettes superposées horizontalement en planches d’étagères, au moyen de fers en T, des paquets de cigarettes échafaudaient, vert, argent et rouge, leurs pyramides fragiles, séparées par des retranchements de cahiers de papier Riz-Lacroix et de papier Persan ; des coupes de cristal