Aller au contenu

Page:Garnir - À la Boule plate.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE IV


L’atmosphère de la Boule Plate n’était pas purifiante, mais celle de la Bonne Source l’était : c’est du moins l’impression qu’éprouvait Charles Levé de Gastynes.

L’âme bonne et naïve de Mme Rollekechik voyageait dans la maison, y mettait partout quelque chose d’honnête. Charles se sentait moins blasé, plus frais, plus simple et meilleur. Il se laissait vivre, apaisé par ce milieu, buvant du repos comme un convalescent boit du soleil, parmi les fleurs pauvres et les verdures médiocres d’un jardin d’hôpital.

La commotion qui avait ébranlé sa vie, disloquant, détruisant, culbutant ses idées, ses habitudes, ses ambitions, ses rêves, le jour où il avait vu mourir en même temps sa maîtresse et son amour, avait laissé en lui comme un retentissement, un de ces grondements qui traînent dans le ciel longtemps après que le fracas de l’orage s’est tu. C’était, à de certains moments, en lui, dans les replis de son être, sans qu’il s’y attendît, une soudaine secousse sur une